Dakar, Sénégal

Discours du Directeur général de l'OIE sur les médicaments vétérinaires en Afrique

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Bernard Vallat

Bernard Vallat

Conférence Continentale de l’OIE “Produits vétérinaires en Afrique : vers une harmonisation et amélioration de l’enregistrement, distribution et contrôle de qualité“, le 25 mars, 2008 (Dakar, Sénégal).

 

Dr Bernard Vallat, Directeur général de l’OIE. Photo (c) DAHP (MoA) 2008

I

Votre Excellence, Monsieur le Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage de la République du Sénégal,

Mesdames, Messieurs les Membres du Corps Diplomatique,

Mesdames, Messieurs les Représentants du BIRA, de l’UEMOA, de la CEDEAO, de l’UMA et de la SADC,

Monsieur le Président de la Commission Régionale de l’OIE pour l’Afrique,

Monsieur le Représentant de l’OIE pour l’Afrique,

Monsieur le Représentant sous régional de l’OIE pour l’Afrique,

Monsieur le Délégué du Sénégal auprès de l’OIE,

Mesdames, Messieurs les Délégués des pays africains auprès de l’OIE,

Mesdames, Messieurs les Points Focaux nationaux en charge des produits vétérinaires

Mesdames, Messieurs les représentants des partenaires du développement et des ONG

Mesdames, Messieurs les représentants du secteur privé et de l’industrie pharmaceutique.

Honorables invités,

C’est pour moi un grand plaisir de vous souhaiter la bienvenue à la 1ère Conférence continentale, organisée par l’OIE, avec l’appui de ses fidèles partenaires sur le thème de la qualité des produits vétérinaires et de la pertinence de leur mise en marché et de leur distribution.

L’OIE organisera cette même conférence dans les cinq continents, mais ce n’est pas par hasard si la 1ère a lieu en Afrique.

Plus d’un milliard de personnes pauvres dans le monde ont un lien direct avec l’élevage, et c’est probablement en Afrique que ces personnes sont parmi les plus nombreuses.

L’amélioration de l’élevage, est un puissant facteur de réduction de la pauvreté et de lutte contre la malnutrition. Le lait, les oeufs, la viande sont autant de protéines nobles incontournables pour le futur des enfants qui les consomment.

Les animaux détenus par les éleveurs pauvres paient un très lourd tribut aux parasites, bactéries et virus qui les assaillent en permanence et qui se font encore plus pressants dans le contexte actuel de globalisation et de changement climatique.

Les maladies animales augmentent la pauvreté et empêchent le libre accès de tous aux marchés rémunérateurs régionaux et mondiaux des animaux et des produits animaux, les privant ainsi des revenus précieux.

Elles constituent aussi un risque permanent pour la santé publique à travers les zoonoses y compris celles d’origines alimentaires, 60% des maladies humaines ont une origine zoonotique. L’apparition de pathogènes résistants aux médicaments chez l’animal peut, peut-être un jour menacer l’humanité si on n’y prend pas garde.

Les produits vétérinaires, qu’il s’agisse des vaccins, des antiparasitaires, des antibactériens ou même des vitamines, constituent un facteur essentiel de prévention et de contrôle des maladies animales et de productivités des animaux élevés.

A titre d’exemple, nous sommes à la veille d’annoncer officiellement avec la FAO que la peste bovine sera la première maladie animale à être définitivement rayée de la carte grâce à l’usage de la vaccination, tout comme la variole a pu l’être chez l’homme, il y a quelques années. Et pourtant, la peste bovine a été considérée comme l’un des fléaux de l’humanité.

L’utilisation des produits vétérinaires doit être strictement réglementée. C’est un marché très particulier qui a peu de points communs avec les marchés des autres produits. On sait que partout dans le monde la libéralisation totale du marché des vaccins et des produits vétérinaires conduit à des situations où les éleveurs pauvres n’ont plus accès à un facteur de production de qualité essentiel pour eux. Plus grave encore, on peut créer, si l’on n’y prend garde, des pathogènes résistants prêts à envahir le continent et le reste du monde, grâce à la globalisation du commerce et au développement du tourisme, ou bien encore imposer au consommateur final l’ingestion des résidus chimiques indésirables.

Nous examinerons pendant la Conférence les solutions qui s’offrent à nous pour remédier à une situation qui est devenue dramatique sur le continent africain :

  • les législations nationales ne sont plus adaptées ou n’existent pas,
  • lorsqu’elles existent, les gouvernements ne mettent pas les ressources appropriées à la disposition de ceux qui doivent faire appliquer ces législations,
  • malgré le courage de certains pays ou certains fournisseurs qui continuent à promouvoir des politiques de qualité, on peut dire qu’aujourd’hui en Afrique les produits frelatés et dangereux qui sont fournis aux éleveurs pauvres sont plus nombreux que les produits de qualité.

Notre Conférence doit contribuer à faire cesser cette situation, car les solutions existent, par exemple :

  • moderniser des législations,
  • mettre les services vétérinaires en conformité avec les normes internationales de qualité adoptées démocratiquement par les 172 pays membres de l’OIE, ces normes comportant les dispositions appropriées pour le contrôle de la qualité et de la distribution de produits vétérinaires,
  • mutualiser les coûts par la mobilisation des organisations régionales et sous-régionales et notamment pour la création de laboratoires de référence à l’échelle régionale pour effectuer le contrôle de qualité des produits vétérinaires,
  • harmoniser les législations au niveau régional et organiser la lutte contre la fraude internationale organisée grâce à ces mêmes organisations régionales et sous-régionales.

Les acteurs essentiels qui réaliseront ces avancées sont parmi nous pour cette Conférence :

  • les Chefs vétérinaires, délégués auprès de l’OIE de tous les pays du continent, leurs responsables nationaux en charge des médicaments vétérinaires et qui sont points focaux auprès de l’OIE pour ce domaine,
  • les représentants des organisations régionales et sous-régionales qui sont en charge de ces problèmes (avec mention particulière pour le travail pionnier, réalisé par l’UEMOA),
  • les représentants du secteur privé et de l’industrie pharmaceutique avec qui il conviendra de nouer des alliances car rien ne pourra se faire sans leur appui,
  • lw’enseignement vétérinaire, les ONG, les bailleurs de fonds publics ou privés qui souhaitent aider l’Afrique et soutenir l’OIE dans sa demande.

Je tiens par ailleurs, à remercier tous les partenaires, grâce à qui cette Conférence a pu être organisée :

  • le Gouvernement du Sénégal qui a bien voulu accueillir cette réunion,
  • la Représentation régionale de l’OIE à Bamako et
  • la Représentation sous-régionale de Gaborone,
  • le Laboratoire de référence de l’OIE de Fougères,
  • l’Ecole Vétérinaire Inter Etat de Dakar (EISMV), son Directeur et son équipe dirigeante,
  • les différents sponsors attachés à une politique de qualité des produits vétérinaires, notamment l’ONG GALVmed et plusieurs grands laboratoires internationaux,
  • le département scientifique et technique et le personnel de l’OIE qui ont fourni un gros travail pour que cette Conférence ait lieu.

Un grand merci à toutes et à tous.

Merci pour votre attention

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