Paris, France

Réunion extraordinaire du Comité Permanent Conjoint (CPC) du REMESA

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Réunion extraordinaire du REMESA organisée à Paris le mardi 23 mai (salle 232 – Maison de la Chimie). Crédit photo © J. Mérot (oie) 2017.

 

Sous l’égide de la coprésidence de l’Italie et de la Jordanie, le secrétariat conjoint OIE-FAO du Réseau Méditerranéen de Santé Animale (REMESA) a organisé, en marge de la 85ème Session générale de l’Assemblée mondiale des Délégués de l’OIE, une réunion extraordinaire, compte tenu de l’apparition d’un nouveau sérotype de la fièvre aphteuse (sérotype A) en Algérie et en Tunisie en avril 2017.

La représentante de l’Algérie, la Dre Sabrina Ichou, a présenté un état des lieux de la situation concernant les foyers de fièvre aphteuse apparus en avril 2017 ; elle a déclaré que – bien qu’ils aient rencontré quelques difficultés pour assurer une remontée d’informations en temps réel auprès de l’OIE – les Services vétérinaires assuraient un suivi complet de la situation épidémiologique et avaient communiqué auprès du grand public, en précisant notamment qu’en date du 23 mai 2017, 87 foyers avaient été enregistrés. Malheureusement, la contrainte principale rencontrée pour faire face à l’incursion de ce nouveau sérotype était l’indisponibilité de vaccins adaptés pour mettre en œuvre une campagne de vaccination efficace de la population animale (cheptel bovin).

Le CVO de la Tunisie, le Dr Malek Zrelli, a également présenté un aperçu au regard de la situation de la fièvre aphteuse en Tunisie, en soulignant le facteur aggravant que l’instabilité politique de la Libye pouvait apporter par, notamment, les difficultés de contrôler correctement les mouvements d’animaux à la frontière avec la Libye. Il a précisé que les Services vétérinaires tunisiens avaient saisi sur la zone frontalière avec la Libye (au cours de la dernière année) environ 6.000 animaux en provenance de Libye et que 20% d’entre eux avaient été déclarés positifs au test ELISA 3ABC (détection d’anticorps anti-3ABC dirigés contre le virus de la fièvre aphteuse). Le CVO tunisien a également précisé que la vaccination des bovins contre le sérotype A étaient réalisée depuis plusieurs années et que, en avril 2017, le foyer a été détecté chez des bovins portant deux marques d’identification étrangères (Irlande et France) importées illégalement et non vaccinés. En Afrique du Nord, le seul pays qui a récemment importé des animaux en provenance d’Irlande était la Libye.

Certains participants ont déclaré que la Libye importait de plus en plus d’animaux en provenance d’Europe et, en particulier, l’Espagne a noté une augmentation récente d’importation de bovins par la Libye, alors que, dans le passé, cela concernait plutôt les ovins. Sur la base de ces informations et en sachant que la Libye importe régulièrement des animaux des pays du Sub-Sahariens et du Moyen-Orient, il apparaît évident que ce pays est un carrefour important pour les mouvements d’animaux qui peut représenter un risque majeur en matière de biosécurité.

Afin de compléter ces exposés, la Dre Emiliana Brocchi du Laboratoire de référence de l’OIE pour la fièvre aphteuse italien, Istituto Zooprofilattico Sperimentale della Lombardia e dell’Emilia Romagna (IZSLER), a présenté les résultats d’un travail collaboratif avec le Laboratoire de référence de l’OIE pour la fièvre aphteuse britannique, The Pirbright Institute (Royaume-Uni), portant sur l’analyse phylogénétique du virus de la fièvre aphteuse apparu en Algérie en 2017 et les applications en matière de vaccination, notamment les résultats de la correspondance entre les vaccins et les isolats algériens. En outre, elle a fourni un aperçu complet de la situation de la fièvre aphteuse en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, en mettant en évidence la distribution possible des différents virus à l’échelle mondiale.

Le CVO du Maroc, le Dr Abderrahman El Abrak, a fait part des difficultés à combattre la maladie dans les pays d’Afrique du Nord en raison de l’étendue des zones frontalières et de la faiblesse du contrôle des mouvements d’animaux. Il a rappelé que – sur la base des expériences passées – une fois que la maladie est apparue dans un pays, elle s’est propagée aux pays voisins, comme cela a été le cas lors de la dernière épidémie de fièvre aphteuse de 2014-2015 due au sérotype O. Par conséquent, le CVO du Maroc a souligné l’importance vitale de disposer rapidement de vaccins appropriés pour faire face à la fièvre aphteuse en Afrique du Nord.

Le représentant de la Commission européenne, le Dr Alf-Eckbert Füssel, a expliqué le retard rencontré dans la fabrication des antigènes et dans la mise à disposition par le fabricant auprès de l’Algérie de vaccins contre le sérotype A de la fièvre aphteuse. Cet épisode a conduit la Commission européenne à prendre en compte une telle situation dans la rédaction des futures procédures contractuelles régissant le fonctionnement de la banque de vaccins de l’UE.

Le Dr Rachid Bouguedour a profité de l’occasion pour rappeler que, lors de la 9ème réunion du CPC du REMESA qui s’est tenue à Tunis (Tunisie) les 3 et 4 novembre 2014, les CVO des pays membres du REMESA avaient adopté une Résolution sur la création d’une banque de vaccins contre la fièvre aphteuse en Afrique du Nord et que l’UE, l’Italie, l’Espagne et la France avaient alors proposé leur engagement financier pour soutenir la création d’une telle banque, à la condition qu’un cofinancement du projet provienne des pays bénéficiaires. Malheureusement, le Dr Bouguedour a fermement déclaré que, si aujourd’hui la banque nord-africaine de vaccins du REMESA n’existait pas encore, cela était dû au fait que les pays d’Afrique du Nord n’avaient pas progressé, notamment pour ce qui concerne le mécanisme de cofinancement. Il a également mentionné que, dans la région, il existait une stratégie de vaccination contre la fièvre aphteuse différente en fonction des pays, en raison du risque différent d’incursions de fièvre aphteuse dans chaque pays. Ceci est confirmé par le fait qu’aujourd’hui (après l’épidémie de fièvre aphteuse de 2014-2015 due au sérotype O), seule la Tunisie a vacciné contre le sérotype A de la fièvre aphteuse en raison de sa proximité avec la Libye. L’OIE a organisé à Tunis en mars 2016 un atelier au cours duquel les experts ont convenu que la stratégie de vaccination en Afrique du Nord aurait dû être élaborée et mise en œuvre en fonction du risque. Enfin, il a exprimé ses inquiétudes au sujet des retombées limitées reçues des pays d’Afrique du Nord en ce qui concerne les enquêtes sérologiques qu’ils devaient mener – de manière concomitante dans les trois pays – en collaboration avec les laboratoires de référence de l’EuFMD et de l’OIE. Il a invité la Tunisie, l’Algérie et le Maroc à fournir les résultats de ces enquêtes lors de la prochaine réunion de REMESA qui se tiendra en juillet à Naples (Italie).

Les représentants de l’EuFMD (le Président et le Secrétaire général exécutif) ont réitéré l’appui apporté par l’EuFMD aux pays d’Afrique du Nord, au travers notamment de la fourniture de kits de diagnostic et d’assistance technique pour mener les actions et les programmes de séro-surveillance dans la région. Ils ont également souligné l’excellente collaboration entre le bureau de l’OIE à Tunis, les Laboratoires de référence de l’OIE, l’EuFMD et les Services vétérinaires d’Algérie à l’occasion des dernières flambées détectées en Algérie et, en particulier, lors de l’envoi des échantillons au laboratoire de référence de l’OIE De Brescia.

Le Dr Labib Bakkali Kassimi du Laboratoire de référence de l’OIE de la fièvre aphteuse français (ANSES) a rappelé l’importance de mettre en œuvre un programme de surveillance post-vaccination.

Le co-président et CVO italien, le Dr Romano Marabelli, a jugé crucial de relancer le projet de la banque nord-africaine de vaccins du REMESA et a proposé d’élaborer un document de réflexion à discuter lors de la prochaine réunion du REMESA qui se tiendra à Naples les 19 et 20 juillet 2017. En outre, il a déclaré qu’il serait intéressant d’explorer également des partenariats public-privé capables d’assurer une réponse immédiate pendant la phase émergente de l’épidémie pour la production et la livraison de vaccins, afin d’éviter à l’avenir tout autre cas problématique. Il a conclu en annonçant que ces deux points seront à nouveau discutés à Naples.

La prochaine réunion du CPC du REMESA se tiendra à Naples (Italie) les 19 et 20 juillet 2017 et permettra de relancer le débat sur la mise en œuvre de la banque de vaccins du REMESA pour l’Afrique du Nord. L’ordre du jour inclura également la présentation des procédures à respecter pour l’emballage et l’acheminement vers les laboratoires de référence de l’OIE d’échantillons biologiques en provenance des pays d’Afrique du Nord

Plus d'informations sur la réunion :

REMESA

FAO Website

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